Par Tjeega Cathérine

L’heure n’est plus aux lamentations, il est temps que la femme prenne conscience des abus dont elle est victime et qu’elle agisse.

Chaque année, à la date du 8 Mars, l’on célèbre la journée internationale de la femme. Est-ce vraiment un jour de fête pour nous les femmes ? Nous sommes nous déjà posées des questions sur l’épanouissement de la femme ainsi que sur les moyens d'y parvenir ? Autant de questions qui doivent préoccuper les femmes africaines aujourd'hui. Sont-elles conscientes de leur condition et en sont-elles réellement préoccupées?
Autant de questions qui nécessitent des réponses car les problèmes nés de la condition de la femme africaine, méritent des solutions concrètes à court et à  moyen terme.  
Aujourd'hui à l'ère de la mondialisation, la question de l’épanouissement de la femme africaine ne devrait plus être un tabou. Elle devrait être une préoccupation des femmes et des hommes et de toute la société d’ailleurs. Dans de nombreuses contrées africaines, les femmes
restent toujours marginalisées, considérées comme des êtres inférieurs sans aucune utilité réelle dans la société en dehors de faire la cuisine, de procurer du plaisir à leurs partenaires, d'accoucher et d'élever les enfants. Chez les BANGANGTE, les BAYANGUAM et même les BANDJOUN, la femme est l'être qui tue. Chez les BASSA, la femme est presque un être humain et l’homme l’être vrai, supérieur. Il est urgent aujourd'hui que la condition de la femme soit redéfinie et que tous les acteurs de la société s'y mettent pour l'améliorer, car il y va du développement du pays dans son ensemble.

 

LA FEMME : entre tradition et modernité

La prise de conscience de la situation et de la condition de la femme est un phénomène récent en Afrique. Dans une société conçue par et pour les hommes, la place de la femme n’a pas été jusqu’ici clairement définie. Victime des abus de toutes sortes tels que les mariages forcés et précoces, les mutilations génitales, les lapidations, les crimes d’honneur, l’esclavage, les agressions sexuelles, les violences domestiques et viols, la femme n’est toujours pas au bout de ses peines. Cette situation prendra-t-elle fin un  jour en Afrique? Pourtant, nous sommes au beau milieu du XXIe siècle et nous voyons encore des filles aller en mariage à l’âge de treize (13) ans, ces jeunes filles qui devraient être envoyées à l’école afin de leur garantir un avenir meilleur sont envoyées en mariage chez des hommes qui ont souvent l'âge de leur père et qui sont plus préoccupés par l'idée d'avoir un héritier que d'envoyer une fille à l'école. L’égalité de chance entre filles et garçons n'est pas encore une réalité partagée en Afrique où au nom de la tradition, des filles subissent toujours l'ablation du clitoris pouvant à long terme occasionner des problèmes de santé. Combien de fois avons-nous vu des femmes se faire bastonner dans la rue par leurs conjoints ou leurs copains sous le regard encourageant des autres hommes? Combien de femmes sont quotidiennement reçues aux urgences des hôpitaux suite aux agressions sexuelles et physiques? Combien de femmes, sont présidentes de la république en Afrique aujourd'hui, ministres ou parlementaires. Pour que ces chiffres révèlent l'importance des inégalités entre genre en Afrique, ils doivent être rapportés aux effectifs d'hommes occupant les mêmes postes. Le taux de mortalité des femmes lors des accouchements est très élevé en Afrique. De même, pour obtenir un emploi, les jeunes filles sont obligées d'avoir des rapports sexuels avec leurs futurs patrons. N'en parlons pas pour le harcèlement dans les entreprises, les administrations et les établissements scolaires, où les hommes s'arrogent "un droit de cuissage". Refuser ou se plaindre est souvent synonymes de perte d'emploi ou d'échec aux examens Que font les autorités pour lutter contre cette situation ?  Quelle est l’action  réelle du ministère de la promotion de la femme et de la famille ? La femme vaut beaucoup mieux que ça. L’égalité de chance, l’équité sociale et la parité devraient être au cœur de tous les débats sur le développement car, il est démontré que la femme est tout autant efficace que l’homme, voire plus. Une efficacité qui jusqu’ici n’a pas encore été reconnue à sa juste valeur. Il est donc nécessaire voire indispensable que l’on établisse de nouvelles règles et que l'approche genre soit institutionnalisée.

 

 

 

 


 

    LA FEMME PASSE SUR LA SCENE DE L’ACTUALITE       

    Les transformations qui s´opèrent aujourd’hui dans certains milieux à une rapidité déconcertante ont un effet certain sur la femme. L´évolution des structures familiales, les changements de statuts, les mutations économiques et politiques et la montée en force des TIC engendrent des bouleversements profonds. Les formes de vie disparaissent sans que l´on ait encore établi de nouvelles normes de vie, acceptées par l´ensemble des individus, d´où malaises et conflits. La femme sera pour ou contre, rarement indifférente. Partagée entre le passé, le présent et le futur, elle constitue un facteur potentiel de changement.
    Plusieurs femmes de renommée nationale, régionale et même internationale ont hissé la condition de la femme au sommet, ceci à travers la création des associations et plateformes. Par conséquent le charisme, l’empathie, la détermination, le courage et l’acharnement sont au rendez-vous car la lutte a commencé et elle s’avère très rude.  Des femmes comme Suzanne KALA LOBE, Henriette EKWE, Marie TAMOIFO, Edith KAH WALLA, feue Françoise FONING devraient être des exemples à suivre.
    Les programmes et projets de développement devraient intégrer un aspect genre pour rendre opérationnel l’engagement à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes et ainsi atteindre les objectifs en matière d’égalité. Une stratégie Genre ne devrait pas se réduire à un volet « femme » ajouté au projet. Elle devrait comporter les éléments suivants : 

    Une présentation des données ventilées par sexe dans le secteur ;

    Une présentation des résultats attendus et des impacts escomptés du projets ou programme sur les rapports  de genre et l’élimination des inégalités de genre ;

    La  proposition de mesures d’équité qui contribueront à réduire les écarts entre les hommes et les femmes dans le secteur;

    La proposition d’actions concrètes pour assurer la participation des femmes aux cotés des hommes dans la mise en œuvre du programme/ projet et le processus de prise de décision ;

    La définition d’indicateurs de résultats pour mesurer la réduction des écarts entre les hommes et les femmes dans le secteur, le renforcement du pouvoir des femmes et l’égalité.

               De toute évidence, il est clair que les femmes ont beaucoup à apporter dans la société, il suffit juste de leur en donner l’occasion. Celles-ci ne doivent pas seulement être présentes  dans les niveaux de prise de décision, elles doivent exprimer leur point de vue, proposer leurs choix, négocier, faire avancer leurs projets et influencer la décision au même titre que les hommes. Mettre en place des mécanismes qui favorisent la consultation et la participation des groupes cibles à la mise en œuvre des programmes/projets de développement est une pratique de bonne gouvernance qui profite autant aux hommes qu’aux femmes. 

     

     

     


 

Retour